Est-il facile ou difficile pour un français d’apprendre l’espagnol ?  Vivien Léost, cofondateur du magazine Eldiafrances.com nous raconte son expérience de vivre en Colombie et comment il a vécu sa progression en espagnol au contact de colombiens. Je vous souhaite une bonne lecture ! 

La profe Yami

Fondatrice EALM

¡Hola!

Je m’appelle Vivien, et j’ai 25 ans.

Je suis arrivé en Colombie fin novembre 2018 dans le cadre d’un visa vacances-travail. En d’autres termes, cela signifie que je n’avais pas d’autres plans hormis le fait de progresser en espagnol, de découvrir un nouveau pays, et accessoirement de lancer un magazine en ligne: eldiafrances.com

Aujourd’hui, je vais plutôt vous parler de ma progression en espagnol au contact des colombiens. 

J’ai suivi des cours d’espagnol pendant ma scolarité, mais il faut dire que je n’ai jamais eu de bonnes notes dans cette matière. Et je n’ai jamais vraiment eu envie de progresser. A l’époque, je me concentrais sur mon anglais.

Je suis devenu bilingue français-anglais assez rapidement, j’ai fait une partie de mes études supérieures en anglais et un stage aux Etats-Unis. Néanmoins, j’ai toujours souhaité maîtriser au moins trois langues, et il est vrai que j’étais un peu fatigué de la langue anglaise qui est assez envahissante, souvent pour le pire (si vous avez survécu à l’enfer de l’open-space, et du langage « corporate », vous comprendrez). 

C’est donc avec beaucoup de motivation que je suis arrivé en Colombie pour progresser en espagnol. 

Mon niveau d’espagnol était A2, ce qui représente quelques bases suffisantes pour comprendre et communiquer avec le locuteur. 

Les premiers jours en Colombie 

En arrivant à Medellín, j’ai décidé de prendre mon temps et de ne pas tout faire en quelques jours comme le ferait un touriste. Mon but était clair d’emblée : rester 6 mois à 1 an en Colombie pour découvrir la culture et repartir avec un solide niveau d’espagnol, notamment conversationnel. 

Le gros point négatif de mes premiers jours, et même des premières semaines, est que mon colocataire parlait couramment l’anglais. Et il est toujours difficile de résister à la tentation de parler une langue que l’on a en commun. 

Il est important de s’immerger le plus rapidement possible dans un environnement où personne ne parle une autre langue que celle que vous souhaitez apprendre. J’ai remarqué que l’on progresse rapidement lorsque l’on ne comprend pas forcément bien son interlocuteur. Votre cerveau va digérer et assimiler des structures et des mots sans que vous ne vous en rendiez compte !

 

Les premiers signes de progression 

J’ai assez rapidement progressé grâce à quelques colombiens qui m’ont invité lors des festivités de fin d’année en Colombie. Il faut savoir que tout le mois de décembre est très animé dans ce pays.

Rapidement, j’ai intégré les structures grammaticales, maîtrisé le présent et le passé, et appris les expressions typiques colombiennes. Et il a suffit de quelques soirées pour cela. 

J’ai fait le choix personnel de ne pas suivre de cours d’espagnol, hormis quelques vidéos en ligne et l’application Duolingo. Cela dépend vraiment de vos préférences personnelles et de votre niveau. Si vous n’avez pas les bases, je vous conseille vraiment de prendre les services d’un professeur particulier (à domicile ou en ligne) car en quelques heures seulement vous aurez tous les outils pour progresser rapidement. 

Avoir un professeur particulier, c’est souvent un gain de temps et d’argent.

 

Les difficultés 

Je ne vais pas vous le cacher, apprendre une langue représente quelques difficultés. Même lorsqu’il s’agit de l’espagnol que l’on dit être une langue très facile à apprendre.

La liste des difficultés est assez longue, et je vais évoquer les principales selon moi. En aucun cas il faut se décourager. Ces difficultés sont loin d’être insurmontables.

1. L’impossibilité de traduire parfaitement la langue

 

Une langue, c’est une façon singulière de voir le monde. Il est impossible de voir le monde de la même manière en espagnol qu’en français. 

De nombreux mots sont intraduisibles ou ont des équivalents dont le sens est légèrement différent, et cela même quand les deux langues ont des racines communes, comme l’espagnol et le français. 

L’erreur commise est de toujours chercher à connaître l’équivalent de sa langue maternelle lorsque l’on apprend une langue étrangère. 

Je vous donne un exemple simple. Il y a deux traductions possibles en espagnol pour bonsoir : « buenas tardes » ou « buenas noches ».

Le problème est que « buenas tardes » est plutôt entendu comme « bon après-midi », tandis 

que « buenas noches » signifie littéralement « bonne nuit ».

Où est le problème ? Il n’y a pas de différence entre le soir/la soirée et la nuit en espagnol. 

1. Vous arrivez à un dîner, et pour saluer vos hôtes vous dîtes « buenas noches » (alors que nous disons Bonsoir en français) 

2. Des amis sortent boire quelques verres, vous dîtes « buenas noches » (alors que nous disons Bonne soirée en français)

3. Vous quittez le domicile de vos hôtes qui vont aller dormir, vous dîtes « buenas noches » (alors que nous disons Bonne nuit en français).

Et ne pas réussir à exprimer ces nuances peut être très frustrant. Du moins, c’est mon cas. 

Cet exemple est basé sur des mots très simples. Imaginez la difficulté sur des textes plus compliqués. Il est impossible de traduire parfaitement un texte philosophique. 

2. La communication avec les locuteurs (lorsque l’on est débutant)

Je pense que le meilleur moyen pour progresser est de se jeter à l’eau et d’être dans l’obligation de communiquer avec des natifs. 

Dans les sciences cognitives, l’on remarque que la difficulté à apprendre une langue passe par des sons que votre oreille n’a jamais entendus. Votre cerveau ne peut donc pas les classer.

Vous devez faire l’effort d’aller au contact de ces natifs, et d’habituer votre oreille.

La difficulté est que vous serez confronté à des personnes qui ne font pas beaucoup d’efforts pour se faire comprendre ou vous comprendre. C’est d’autant plus vrai lorsque vous parlez avec des personnes qui n’ont jamais appris de langues étrangères, et donc ne saisissent pas la moindre de vos difficultés.

Le point positif avec la Colombie, c’est que leurs habitants sont très accueillants et très contents de voir des étrangers visiter leur pays. Ils feront plus d’efforts.

Je souhaite tout de même donner un petit exemple pour illustre la difficulté.

 

Lors de mes premières semaines en Colombie, je suis allé boire un verre dans un petit bar de Medellin. J’ai souhaité commander une boisson au citron. J’ai donc commandé une « bedida de lemon ». Or, citron se dit « límon » et non « lemon ». 

Il m’a fallu répéter cinq fois pour que la serveuse comprenne. Et sur le coup, cela est très frustrant. Car bien que l’on fasse une erreur, on se dit que notre interlocuteur aurait pu faire un petit effort.

C’est un gros problème lorsque l’on est débutant, car on est plus timide et on se contrarie plus rapidement.

3. Le sentiment de ne plus progresser, ou le plateau intermédiaire 

Au début, vos progrès seront très rapides, malgré les quelques difficultés. En revanche, vous arriverez à un stade où vous aurez le sentiment de ne plus trop progresser voire de stagner. C’est d’ailleurs l’impression que j’ai après 4 mois en Colombie.

Ce stade s’appellerait – je viens de le découvrir – le plateau intermédiaire. Une petite recherche Google vous renseignera sur le sujet. 

A titre personnel, j’ai le sentiment qu’une progression très rapide donne soudainement confiance en soi, et pousse à une certaine paresse, nous faisant oublier que nous sommes loin encore de maîtriser la langue.

Je ne sais pas encore quoi faire pour passer ce cap, mais je pense que le recours à un professeur particulier peut être intéressant, car il identifie rapidement les lacunes et les besoins. (Yamile propose un cours de 30 minutes gratuit).

Mon espagnol au bout de 4 mois

Dans l’ensemble, je suis assez satisfait de mon niveau d’espagnol après 4 mois en Colombie. Je regrette simplement de ne pas m’être plus immergé dès le début.

Je pense être entre le niveau B1 et le niveau B2 que j’aimerais atteindre très prochainement. J’arrive à tenir des conversations sur des sujets complexes (politique, philosophie …), tout en faisant quelques erreurs.

Pour un français, l’apprentissage de l’espagnol est plutôt facile. Mais il faut comprendre que tout n’est pas simple et qu’un minimum d’effort est requis. Je trouve que la conjugaison espagnole est assez difficile, et surtout la concordance des temps. Après ces 4 mois, je ne me sens pas encore à l’aise pour construire une phrase qui combine un passé et un imparfait du subjonctif. Pourtant, les situations où cette construction est opportune ne manquent pas.

En plus de discussions avec des colombiens, j’ai lu quelques articles de presse, regardé des films et séries colombiens sous-titrés en espagnol (sur Netflix) et travaillé mon vocabulaire sur Duolingo. Tous les jours à petite dose, on voit son niveau progresser.

Pour beaucoup, l’idéal est d’avoir un novio/una novia. Votre motivation sera renforcée. A ce titre, les jeunes français ont un taux de réussite proche des 100% en Colombie, ce qui devrait en intéresser plus d’un. Dans mon cas personnel, cette option m’aide à bien progresser …

Si vous avez la possibilité de venir en Colombie, je pense que vous ne devriez pas hésiter une seule seconde. Les colombiens sont les personnes les plus sympathiques que j’ai pu rencontrés. Ils sont fiers de leur culture et de leur pays, tout en étant très accueillant. C’est, et j’insiste sur ce point, l’environnement parfait pour progresser en espagnol. 

¡Hasta luego! 

Vivien Léost

est un français ayant grandi en Normandie. Attiré par le goût de l’aventure et par les couleurs de la vie colombienne, il a décidé de s’installer à Medellin où il ne regrette surtout pas les nuages normands.  Un jour, avec Pierre-Marie Saives, amis depuis leurs études de Droit, ils ont décidé de fonder  Eldiafrances.com un magazine à destination des français et francophones de Colombie. L’idée est de parler de l’actualité franco-colombienne, de l’expatriation en Colombie, de la culture du pays et des voyages.